Et ce n’est même pas une métaphore pour parler des règles
Sortir de Montréal, quand tu n’as pas de voiture, c’est un peu compliqué. Certes, il y a le bus, pour les longs trajets, ou lalocation de voiture, pour les plus dépensiers. Ou alors tu as Amélie, petit ange gardien, amie et collègue de travail chez Cyclone, qui m’a prêtée la voiture de son cheum pour le week-end, et m’a le plus gentiment du monde invitée au châlet de sa belle-famille, à Brébeuf. Brébeuf ? Brébeuf.
Me voilà donc partie aux commandes d’une Toyota incroyable, armée de son GPS indispensable à ma survie. Et j’ai même pu renouer avec les joies du boîtier automatique. Le pied, comme disent les champignons.
C’est parti pour environ 2h de route (embouteillages obligent) avec un départ le samedi matin, excitée comme une puce et le sac à dos rempli de choses indispensables à une vadrouille en bonnes et dues formes (jumelles et opinel maggle). Et puis avec du bon rock de la station radio 97.7 et un soleil rayonnant, quoi demander de plus ? Sensation de liberté, ça m’avait manquée. Petit à petit, les montagnes se dessinent, sillonnées de pistes de ski bien évidemment fermées pour l’été. Et côté conduite ? Le pied, comme redisent les champignons. J’en avais déjà parlé suite à mon précédent roadtrip de l’année dernière avec Papounet, mais je le confirme : conduire au Canada (et notamment au Québec) est un rêve pour tous les conducteurs stressés. Que ce soit en ville ou sur l’autoroute, pas de pression ni de trouduc (et ils sont tellement rares qu’on leur pardonne) (méfiez-vous des trouducs de Toronto, ce sont les pires O:) ).
Au programme de la playliste Sunny-Day-I’m-Bursting-With-Joy, je te prête ces quatre morceaux. Mets tes lunettes de soleil, ton coude sur la portière, et accélère (mais dépasse pas les 100km/h, faut pas déconner Roger) :
The Struts – Kiss This
Oasis – Wonderwall
Soundgarden – Black Hole Sun
Red Hot Chili Peppers – Road Trippin
« Kiss this one last time, ’cause I’m gone for good »
« Today is gonna be the day »
« Heaven send Hell away »
« Let’s go get lost, let’s go get lost »
Premier arrêt après environ 1h30 de route à Val-David, un joli village situé pas si loin des montagnes, caractérisé par ses cafés et resto orientés art et artisanat. J’ai tout débord croisé un petit marché d’été, fort appétissant, où j’ai même croisé des spécialités belges… où va le monde, je vous le demande.
Sur le chemin, j’ai été attiré par une église qui me faisait de l’oeil. Oui, non, calme toi, ce sont les affiches de sa petite exposition de fresques qui m’ont fait de l’oeil, pas le petit Jésus.
Et puis, en arrivant, j’avais vu ce petit salon de thé charmant, un peu eccentrique, du doux nom de Chapdelaine. Du coup j’y suis allée sans hésiter. Et je n’ai pas été déçué non plus : outre les étagères remplies de livres à troquer, l’arrière-boutique est un petit shop d’objets de création, des bijoux en passant par les coussins et les cravates hippies. Inutile de vous dire que j’ai adoré. Un thé, un cookie (appelé « bisou en chocolat »…excusez-moi, je pars pleurer d’harmonie, je reviens), et c’est reparti !
On m’avait notamment conseillé Val-David pour une exposition/vente de poterie du petit nom de 1001 Pots. N’étant pas une fan incroyable de ce domaine, j’y allais sceptique. Oui, comme la fosse, on sait. Je n’ai absolument pas regretté mes 2$ d’entrée, et je conseille ce détour à tout le monde !
Mais hormis les superbes créations de tous ces artistes, à acheter sur place (c’était cher) (oui, j’ai quand même pris un petit quelque chose) (je voulais soutenir cet évènement, parce que je trouve que pour 2$ l’entrée, ils le méritent) (devine ce que j’ai ramené) (indice : I’m not a chicken), ma partie préféré a été le labyrinthe aux tessons. Je ne crois pas que cet endroit de l’exposition ait un nom, mais le terme de labyrinthe s’y prête bien. Un seul mot : inspirant. Pourquoi ce mur est-il rempli de ces tessons là, et pas d’autres ? Impression de poésie suspendue entre fer rouillé et plantes grimpantes. Histoire devinée entre tessons brisés et lustres abandonnés. J’y aurais passé des heures. Ca m’a donné le coeur lourd et l’esprit léger, sans trop pouvoir l’expliquer. Un jour, notre culture et notre civilisation se réduiront sûrement à l’état de morceaux entassés entre des murs : que pourrons-nous en apprendre, comment pourrons-nous interpréter ? Bref. Merci pour cette jolie parenthèse de porcelaine et de glaise.
Après cet interlude méditatif, on reprend la voiture direction Brébeuf, en suivant docilement le GPS et les instructions précises d’Amélie. Aucun souci pour trouver, et c’est avec joie que je retrouve retrouve toute sa petite famille pour aller à la plage, à 5min à pieds, donnantsur la Rivière Rouge (la fameuse). En effet, la terre immergée à un petit côté rougeoyant. Décor à tomber. Je respire.
Le soir, direction Saint-Jovite pour manger une bonne glace molle (j’en reparlerai plus tard, ne t’en fais pas, inculte), mais avant cela, petit arrêt au « pont couvert » Prud’homme, datant de 1918. Ce pont tout en bois ressemble davantage à une grange qu’à un pont, avec sa charpente caractéristique des vieilles maisons et ses poutres si espacées que l’on voit à travers. Intriguant et majestueux, ce pont vaut le coup d’oeil. Et avec le coucher de soleil, quelques belles photos de famille en prime. Et on a aussi vu une maison de Hobbits, narmol. Mais comme ils faisaient la fête, on n’est pas rentrés.
Après une observation intense des étoiles et une élaboration minutieuse de souhaits en-cas-d’étoiles-filantes, au lit tout le monde ! Dormi comme une masse. Réveil assez tôt pour aller (enfin) me baigner dans la Rouge. Bien sûr, la plage était fermée. Penses-tu, j’ai fait demi-tour j’ai sauté par dessus la barrière. Imagine : une plage pour toi tout seul, entouré de montagnes, le courant vif et frais de l’eau tout autour de toi, le soleil qui te réchauffe le sourire.Solitude. Liberté. Vide. Bonheur. Putain de bordel de merde c’était bon.
Départ ensuite vers le domaine Saint-Bernard, au sud du Mont-Tremblant (que vous apercevez sur les photos) pour tenter d’observer des chevreuils en liberté, mais ils n’étaient pas au rendez-vous. Du coup, dans le doute, on s’est tous assis pour manger des carottes. Après avoir visité le petit jardin destiné aux oiseaux (OHSONPERE, j’ai vu des oiseaux-mouches !! Y’en a plein ici, ostie !), j’ai dit au revoir à la troupe et j’ai continué ma vadrouille sur l’un des sentiers de randonné du domaine, A1 Grande-Allée. Malheureusement, n’étant pas particulièrement équipée pour la rando, je n’ai marché qu’environ 45 minutes, mais c’était assez pour me vider la tête complètement. La sensation de ne potentiellement jamais être retrouvée si je quittais le sentier était grisante.
Après quelques autres péripéties dans le coin puis au village de Mont-Tremblant où je n’ai pas de photo (mais j’y retournerai, ne t’en fais pas !), je suis reviendue à la maison. Bilan : merci. Infiniment. C’était profondément ce dont j’avais besoin. Deux jours sans wifi, sans pression, sans repère, sans pensée. Juste la nécessité d’ouvrir les yeux, d’observer, et de partager un joli weekend avec cette petite troupe de rêve. Certes, on ne parle pas le même français, mais who cares ? Méné, cocotte, tamia : tabernac, mon vocabulaire en peut pu là tsé.















































































