Ça sonne comme un mauvais titre
accrocheur à la Katherine Pancol, non ?
Figure toi que j’avais commencé cet article le 1er novembre 2018. Si si, c’est WordPress qui me le dit. J’avais juste eu le temps d’écrire que je venais de voir les tous premiers flocons d’un hiver canadien pour la première fois de ma vie. J’avais du accoucher douloureusement du titre et du concept, et m’être innocemment dit que je laisserais le reste des mots germer ultérieurement. Qui aurait cru que ce serait un autre rythme cardiaque qui se transformerait en flocon de neige une semaine plus tard?
J’essaie de me rappeler la petite émotion timide qui avait dû m’habiter au moment des premiers mots. Oh. Les premiers flocons. Un pas de plus dans la redondance saisonnière de ma terre d’accueil. Toussa, toussa.
J’avais dans l’idée de faire un joli petit inventaire des différentes formes que prend la neige, cette poésie glaciaire infinie. Baudelaire en aurait vomit. Hiver, j’aurais fait de ton herbier un floconnier. Hé bien non.
Je t’aurais parlé de ces fameux premiers flocons qui semblent arrêter le temps, tant ils tombent sans en avoir l’air. Je t’aurais parlé de la neige pompon, qui te donne des petits frissons de plaisir quand tes pas crissent dedans pour la première fois. Qui te donne l’impression d’avancer sur une terre jamais foulée auparavant. Qui te fait entendre le silence en suspension comme tu ne l’as jamais entendu.
Je t’aurais parlé de la neige mouillée, l’ancêtre saisonnier de la slush. Pas complètement dégueulasse mais presque, parce que ça veut dire qu’il fait suffisamment froid pour t’emmerder, mais pas assez pour que la neige tienne à terre « comme du monde » et fasse un beau manteau lisse et propre.
Je t’aurais parlé de la première tempête, celle qui t’arrache les yeux, te brûle la beau et te picote le coeur pour te faire sentir vivant. Celle qui te fait revoir la valeur d’un bon thé sous un plaid (comme si j’avais besoin de ça, n’est-ce pas?). Celle qui crie dans le silence de tes fenêtres, qui t’arrête le souffle en pleine bourrasque, qui fige les considérations futiles.
Je t’aurais parlé de la neige furtive. Celle qui a l’air de tenir au sol, mais qui en réalité ne fait que camoufler sa traîtresse complice, la plaque de verglas. Une petite neige dont les innocents flocons te collent à la peau et vont s’abandonner à tes pieds pour les accompagner dans leur dérapage très très contrôlé (ou pas).
Je t’aurais peut-être même parlé du rythme cardiaque des flocons de neige. C’était le titre, après tout. Je t’aurais filé avec brio la métaphore des petits coeurs de neige qui palpitent un peu partout, d’une précipitation fragile et d’une lenteur invincible. Suspension. Soupir. Souffle chaud qui s’imprime sur la glace.
Mais pour l’instant il est trop tôt, et la neige n’est que de la neige, qui me rappelle juste qu’une saison de plus passe. Et nous avec.
