Me suis pas trop foulée pour le titre, n’est-il point donc?
Une fois de plus, depuis le dernier article, de l’eau a coulé sous les ponts, les ponts ont coulé dans le tiramisu, et catera neviscant et dominus maximus. Non, ça ne veut rien dire, laisse Google tranquille. Tout ça pour dire: bonjour, bel étranger.
En ce début d’automne, j’ai eu la chance d’accueillir des contrées nantaises la belle Betty, mon ex-compère khâgneuse et partenaire de blagues de merde depuis toujours. En plus d’apporter un joli baume sur mon coeur et de l’inspiration pour mes mots à maux, nous sommes parties en vadrouille dans ma Bretagne locale, la Gaspésie. Si tu n’as pas lu l’épisode 1, tu peux le trouver ici, bien cordialement vôtre.
Après quelques jours d’acclimatation à Montréal (voir photos ci-dessous), incluant les très classiques balades au centre-ville, au Vieux-Port, au Mont-Royal et dans le Mile-End, ma nouvelle colocataire s’en est allée vadrouiller en solo du côté de Québec et du Saguenay, pour taper la causette aux baleines et autres girafes des mers. Le tout en camping, bien évidemment, sinon c’est un peu fessier.












Après avoir vécu moultes péripéties qui lui ont fait respirer le coeur très fort, elle m’a récupérée à Québec pour continuer l’aventure ensemble. Mon mitraillage photographique commence par les chutes de la Chaudière, de l’autre côté du pont vers Lévis (et non pas du pont-levis, tagada tsoin tsoin), souvent bien moins connues mais tout aussi chouettos que leurs cousines Montmorency. Rappelle-toi, on a déjà vu tout ça ici en 2015 avec el Papounetto, diantre pouet.
(Ndlr: en vous mettant le lien, j’en ai profité pour parcourir à nouveau cet album photo de 2015 et HOLY SHIT ÇA FAIT DÉJÀ 7 ANS et HOLY SHIT QUE MES PHOTOS SONT PAS FOLLES, toutes nos confuses).







Nous avons ensuite pris la route vers le Bas-Saint-Laurent en direction de Rimouski. L’intégration culturelle de Betty nous a précipité dans le Tim Horton’s le plus proche, pour une expérience absolument non-mémorable (mais des ptits Tim Bits à l’ancienne, c’est toujours bon dans le bidou), pour finalement arriver à notre Air BnB en banlieue de Rimouski: une petite maison adorable, peuplée de 3 chats fort câlins. Bref, un petit cocon idéal pour nous accueillir après des journées qui, nous ne le savions pas encore, allaient s’annoncer acrobatiques.
Très rapidement dans notre voyage, la météo s’est amusée à nous tapoter le visage avec son rire de pluie. Autrement dit, nous nous fîmes joyeusement chier dessus par le ciel pendant 90% de l’aventure. Mais bien heureusement, pour cette première journée de vadrouille pluvieuse, je n’avais prévu de n’amener ma douce amie que sur des petits sentiers connus et sympathiques. À l’entrée du Parc du Bic, on nous a d’ailleurs gentiment déconseillé de faire le « grand tour », car glissant. Ça tombe bien madame, c’est pas prévu. PENSES-TU, JEANNINE.







À force de faire de petits pas chassés derrière le cul des biches et le popotin des phoques le long de la côte, nous nous sommes retrouvées dans la merde / un sentier extrêmement bien balisé et tout était calculé / la Merde (mais avec une majuscule). Hé oui, car le « grand tour » est en fait le nom d’une délicieuse randonnée de 9km sur 3h, catégorisée comme très difficile et répondant au doux descriptif suivant:
Ce parcours accidenté et diversifié vous amène tantôt sur les portions de littoral escarpées des falaises côtières, tantôt sur une plage, mais aussi en milieu forestier.
Il s’agit d’un passage d’un sentier aménagé à une aire de marche non aménagée accessible uniquement à marée basse. Le départ doit se faire du centre de découverte et de services – Ferme Rioux, 2 h avant l’heure prévue de la marée la plus basse.
TRADUCTION: Bienvenue dans un sentier où tu te demanderas à chaque minute si tu es bien sur le dit-sentier, si tu es supposée escalader cette paroi pour accéder à un non-chemin, si tu vas réussir à quitter les rochers avant que la marée ne remonte, et surtout, à te demander ce qu’il se passerait si tu te gamellisais la face sur les rochers de type « pète-cheville lvl 8 ».
C’est donc sur ce périlleux projet que nous nous sommes lancées, Betty et moi-même, sous une pluie diluvienne (luvienne). Et c’est aussi l’un de mes meilleurs souvenirs du voyage: prendre soin l’une de l’autre, rester concentrées sur ses pieds, ses mains, son équilibre. Ne pas penser à ce qui arriverait si l’une des deux se blessait, mais y penser quand même. Ne pas penser à la distance à parcourir s’il fallait rebrousser chemin, mais l’envisager quand même. Ne pas penser à la marée qui monte et aux passages qui s’effacent, mais l’anticiper quand même. PIS PRENDRE DES PHOTOS PARCE QUE C’EST MEGA INSTAGRAMABLE.




Et puis croiser un renard, sur la plage. Sorti de nulle part. Nous nous sommes immobilisées d’une traite, observant cette boule de feu trottiner vers nous avec une démarche aérienne et une désinvolture la plus totale. Nous a-t-il seulement vues, à 2 mètres de lui, tels deux piquets aux yeux ronds d’effarement? Nous ne le saurons jamais, mais le souvenir restera.
Après avoir fait le Chemin-du-Nord et le Tour Cap-à-l’Orignal, nous aurions pu rentrer dans la forêt et rejoindre des sentiers plus démocratiques, tahvu. Mais non. Nous avons rebroussé chemin pour retourner nous faire peur sur la falaise et faire le reste du Grand Tour maggle. OUI OUI OUI. Magique, interminable, grandiose, dangeureux. Bref, des fifolles en symbiose jusqu’à la fameuse Baie du Ha! Ha!.

C’est absolument lessivées par tant de concentration et d’intensité (et de pluie OMFG) que nous sommes rentrées manger au Crêpe Chignon de Rimouski. Nous avons pu constater que les crêpes de cet établissement, bien que très gourmandes, sont clairement des pancakes utilisés comme des fajitas. Hérésie. MAIS BON, TSÉ.
Pour notre dernière matinée dans le Bas-Saint-Laurent, nous avons récidivé au parc du Bic afin de gravir le Pic Champlain par beau temps (profite bro, ça va pas durer plus de 2h). On nous a gentiment précisé à l’entrée que cette fois-ci, on pouvait faire le Grand Tour. HAHA. Lolz trorigolo. Bref.


Pic Champlain, grimpette, suduku, toussa, puis départ vers Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, où nous avions prévu de…. camper. OUI OUI OUI, Robinson. Mais puisque la pluie semblait prendre un bail à temps plein dans le coin et que les prévisions annonçaient tempête et 4°C, nous avons du nous résoudre à abandonner l’idée. C’est donc sur le parking de Pointe-au-Père (mon dieu que j’aime ce phare) que nous avons troqué nos fantasmes de minimalisme et d’osmose avec la nature pour une chambre avec lit king à Cap-Chat. Spoiler: ce fut une TRÈS bonne idée.







Avec un nid très confortable, une petite cuisine communautaire pour faire notre popotte et une pluie qui n’en finissait pas, c’était l’après-midi idéal pour NE RIEN FAIRE hormis écrire, jouer et méditer sur les opinions politiques des écureuils.


Le lendemain, rebelotte de pluie-sa-mère, aucun regret pour l’abandon du camping. Je m’initierai au koh-lantisme une autre fois, histoire de faire scouish-scouish dans mon sac de couchage et de manger de la soupe en poudre mais AVEC du beau temps.
Nous tentons quand même une sortie à Cap-Chat pour aller voir le phare et l’estuaire, mais le vent est tel que nous sortons carrément les bonnets et écharpes. Oh yeah, été indien en approche maggle.




L’après-midi, nous partons au parc de la Gaspésie, notre objectif initial, mais c’est pessimistes et découragées par la météo que nous arrivons au centre d’accueil. Sur les conseils du personnel, nous optons quand même pour un petit trio de sentiers, principalement abrités par la forêt et longeant un ruisseau. Nous avons donc fait connaissance avec les euphémismes « abrités » et « ruisseau ». Mais ce furent tout de même 3h de belle découverte de la rivière Sainte-Anne, de ses chutes et des chutes du Diable. Ah et bien évidemment, puisqu’il y avait environ 12 trillions d’arbres à terre sur le sentier, nous avons poussé plus loin le cliché Indiana Jones pour surmonter les obstacles. HOW HOT WE ARE.
La journée s’est terminée avec ENFIN du soleil… lors de l’un des plus beaux couchers de soleil de ma vie! Pis des pizza/poutine/frites pas très bonnes mais fort réconfortantes.






Pour notre dernière journée d’aventure, nous reprenons la route pour le parc de la Gaspésie, en priant très fort Satan et Justin Bridou pour que le beau temps s’installe un tipeu, histoire de donner un répit à nos vêtements-éponges. Et faut croire que Satan et/ou Justin Bridou ont kiffé nos offrandes aux frites, parce que c’est avec un magnifique ciel bleu que nous avons attaqué le Lac aux Américains, puis le bien connu sentier du Mont-Albert. Mais faut pas déconner, on a quand même ramené l’équipement polaire et racheté des gants, parce que c’est un climat de toundra qui nous attend au sommet. Hé oui Monique, on se gèle le fessier n’importe où ici.














Bref. Les photos vont parler mieux que mes mots, mais en gros: ça grimpe, genre bokou bokou aïe les gnous (faut dire que c’est une randonnée de type « expert » d’environ 5h30/6h, avec 850m de dénivelé sur 1070m au total). Car OUI OUI c’est un climat subarctique qui nous a accueillies, en plus de paysages magnifiques. Toit du monde, toussa. Pas de caribou en vue, mais un vent à décorner des choux-fleurs en rut. Et la cabine de toilettes la mieux placée de tous les temps. POOP ON THE WORLD, JEANNINE, HAVE FUN.
Après une descente INTERMINABLE, tout en essayant d’avancer plus vite que le soleil qui a disparu bien rapidement de l’autre côté du versant (ma lampe frontale a PRESQUE failli servir, si ce n’est pour camper) (notre santé mentale aussi a disparu de l’autre côté du versant, mais comme nous étions les 2 dernières bouffones à redescendre, on pouvait bien laisser libre cours à nos craquages). Nous avons finalement réussi à ramper sans genoux jusqu’au centre d’accueil, puis à enchaîner avec 2h30 de route jusqu’à Sainte-Angèle-de-Mérici (tsé pour pas avoir à faire 8h de route le lendemain). Sans regarder de trop près la chambre un peu miteuse que nous avions réservée, nous nous sommes effondrées jusqu’au lendemain.
Le voyage s’est terminé tranquillement (sous la pluie, évidemment) après une escale dans mon village coup de coeur, Kamouraska, où nous nous sommes régalées au Café du Clocher.
FIN.
En bref
Des retrouvailles amicales magnifiques, un roadtrip riche et varié qui m’a confirmé que la Gaspésie est définitivement l’une des plus belles régions du Canada, et une liste de choses à voir qui ne cesse de s’allonger d’année en année. Insérer ici la moralité philosophique du voyage afin de susciter le sourire et/ou les larmes des clients. Voyager c’est bien, le partager c’est mieux. Pis mange tes légumes, caliss.
Prends soin de tes fesses.
Keur.

Merci pour ce reportage, toujours aussi dynamique. Les photos des immeubles de Montréal me rappellent une tentative de faire la même chose en 2016, je crois. Avec moins de talent, je n’avais réussi et gardé que les photos des fils électriques qui alimentent lesdits immeubles !!! J’ai d’ailleurs retrouvé qq photos des fils électriques qui longent le parking entre chez toi et le métro. Tout un poème
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