Mexico, un clair-obscur épicé

parce qu’au Canada, « aller dans le Sud », c’est pas aller faire un petit tour à Nice !

 

Escapade à MexicoEscapade à Mexico (1)Escapade à Mexico (2)Escapade à Mexico (3)

Salut à toi jeune effronté(e) du slip ! Cela fait un petit moment que je ne t’ai point raconté mes humbles aventures en terre caribouesque, et je viens remédier à cela… en trichant un peu !

En effet, notre épopée du jour se déroule en dehors des frontières des Queues de Castor, loin, bien loin des pancakes au sirop d’érable et autres poutines dévergondées. Je te parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, et surtout d’un lieu qui est probablement la destination numéro 1 des nord-américains pour chercher le soleil, l’exotisme et les tacos à un coût absolument dérisoire : le Mexique. ET BAM VOILA DE L’INTRO JEANNINE. C’est pas sur National Geographic que tu vois ça hein ? Tatata. Bref.

Comme tu as pu le constater un peu plus haut, je te fournis avec cet article un planning complet si, toi aussi, tu veux passer 5 jours dans la ciudad de México jajaja jejeje (on s’intègre à la culture locale, ok ? mierda !). J’ai en effet profité du long weekend de la fête du travail au Canada pour faire un petit pari foufou : partir sur un coup de tête visiter la capitale du Mexique. Parce que des fois, faut tenter des trucs qu’on aurait pas fait en temps normal, sinon on se fait suer la nouille, pas vrai ? Toi aussi, demain, jour du Seigneur et d’AutoMoto sur TF1, va faire un truc que t’aurais pas pensé faire. Et embarque ton voisin de droite dans l’histoire, parce qu’à deux c’est mieux.


J’ai donc embarqué mon voisin de droite et hop hop hop, en avion Marcel ! J’ai eu l’occasion de découvrir la compagnie low cost d’Air Canada, Air Canada Rouge. Hé bien c’est pas fou ! Moi qui avait été habituée aux petits gâteaux bretons sur les vols de 50 minutes entre Paris et Brest, je ne m’attendais pas à avoir à peine une boisson sur un Montréal-Mexico de 5h30. Passons sur ces détails, mais sache qu’il y a une grosse différence entre Air Canada et Air Canada Rouge de point de vue du service (c’est normal étant données les différences de prix, certes, MAIS BON, FLUTE). Les voyages en avion se sont donc passés relativement bien, avec énormément de retard, d’incertitudes et de stress, MAIS ça valait le coup/coût (coucou !) et cela nous a permis de nous dépayser à moins de 6h de vol.

Arrivés à México City, notre premier objectif était digne des écoles de commerce : retirer de l’argent maggle. Mon voisin de droite a vécu une merveilleuse expérience, à peine 10 minutes après être arrivé : se faire avaler sa carte au distributeur (pro tip : ne passe pas trop de temps à lire ce qui est écrit sur les écrans des ATM, sinon bip bip bip miam adieu la carte). Et autant te dire qu’à 23h30, tu risques pas de la récupérer ! Heureusement, nous vivons dans un monde où les humains ont des milliards de cartes sur eux, alors touvabien. Pour ton information, 1$CAD = 14.5MXN et 1€ = 21.8MXN. Tu comprendras donc pourquoi c’est un BON DEAL SAMERE d’aller là bas : concrètement, rien n’est cher. Ni le logement, ni le transport, ni la nourriture, ni les activités, rien. Au total, sur presque 5 jours de voyage, nous avons utilisé moins de 5000 pesos mexicains pour deux (hors avion), ce qui fait moins de 400$CAD ou 250€. Voilà voilà.


LOGISTIK PIOUPIOUPIOU

  • Se déplacer

Nous nous sommes exclusivement déplacés à pied et en Über, mais tu peux également utiliser le bus, le métro (simple et complet) ou le taxi (mais fait attention à bien utiliser les compagnies officielles, bien qu’elles soient plus chères que les Übers). Contrairement à ce que tu (et moi avec) aurais pu penser, Mexico n’est PAS une ville à taille humaine : avec ses 20 millions d’habitants, Mexico fait partie des 15 plus grandes villes du monde ! Prépare donc de bonnes chaussures et une bouteille d’eau, ça va barder !

  • Manger

J’avais dans l’idée de ne pas trop dépenser dans les restaurants, et de voir un peu la culture locale en faisant quelques courses pour cuisiner à la maison. QUELLE NAIVETE ROGER. On a mangé au restaurant matin, midi, soir, goûter, fringale nocturne, fringale matinale, fring… bref, tout le temps. Parce que ça coûte $*!# rien et que c’est blblblblblbl BON. Vraiment. Alors tu vas me faire le plaisir de poser cette poêle immédiatement et de sortir essayer les quesadillas d’en face. De rien.

  • Dormir

AirBnB est mon ami, alors nous avons dégoté un petit appartement adorable du nom de La Casa del Arte, tenu par Leo et Mark en plein coeur du quartier Roma Norte. Je te le conseille, c’est idéal pour 2 ou 3 : cosy, calme, sécurisant, décoré avec goût. Nous avons été reçu avec beaucoup de gentillesse et de confort à… 1h du matin ! Petits fruits frais, fleurs et plantes dans toutes les pièces, mots écrits à la main avec amour. Bref, j’étais sous le charme en 5 minutes. Petit bémol : sache qu’entre août et octobre, c’est la saison des pluies au Mexique ! Hé oui, surprise bro ! Mais dans notre malheur, nous avons été chanceux, car il ne pleuvait des cordes (genre Bretagne en colère) qu’à partir de 17h, nous laissant la journée pour profiter du soleil et des 23 degrés ambiants. Pourquoi te raconter ça dans la section « dormir » ? Parce qu’à Mexico, les bâtiments sont vieux. Vraiment. Même les appartements bien entretenus comme le nôtre ont des failles : genre du simple vitrage (partout, dans toute la ville) qui laisse passer la pluie dans la salle de bain, mais chut, cérigolo et ça dure que 3 mois par an.

  • Gambader

La question de la sécurité m’a été posée plusieurs fois. Comme toutes les villes du monde (même Quimper et Palavas-les-Flots, oui oui oui), il y a des quartiers à éviter, surtout en tant que touriste. Bon ben tufépachier, tu les apprends et tu les évites, c’est tout ! Tu évites l’extrême Nord et l’extrême Sud la nuit, tu restes dans les quartiers touristiques (de toute façon, en 4 jours t’auras pas le temps d’aller vadrouiller ailleurs) et voilà ! Par précaution, je n’avais pas emmené mon gros appareil photo, ce qui a fait pleurer mon petit cœur d’artiste en herbe, mais je préfère dégainer mon compact en toute sécurité que de redouter les pickpockets à chaque instant. Néanmoins, je ne me suis jamais sentie en insécurité (pas plus qu’à Paris). Pas de quoi psychoser outre mesure, donc.


REAL SHIT BEGINS

Pour ton information, nous n’avons pas suivi le planning à la lettre : j’avais simplement fait beaucoup de recherches pour avoir un programme qui tienne la route et ne pas avoir à perdre de temps à chercher quoi faire dans un séjour aussi court. Efficacité, toussa. Voici donc le déroulement du séjour, que tu retrouveras en vrac dans les photos plus bas.

  • Vendredi : petit déjeuner dans le quartier Roma Norte. Concrètement, le quartier Roma Norte fourmille de bars, cafés, restaurants en tous genres, tous aussi délicieux et cute les uns que les autres. Il faudrait y passer des semaines pour tout essayer ! Nous n’avions qu’à descendre de l’appartement, marcher et… faire un choix cornélien. Après un miam miam à base de quesadillas et smoothies délicieux, nous avons opté pour la marche vers le quartier de Chapultepec où se trouve le parc et le château du même nom. Nous avons rapidement réalisé qu’en effet, Mexico n’est pas à taille humaine et les distances de la carte ne se font pas comme celles de Montréal ! Entre Roma Norte et Chapultepec se trouve le joli quartier bourgeois de Condesa, pleine de vestiges de l’époque coloniale espagnole et regorgeant d’anciens hôtels particuliers et autres bâtiments à l’architecture impressionnante… si elle était entretenue, ce qui est rarement le cas. C’est un des points qui m’a le plus marqué à Mexico, ce contraste des richesses et des cultures : des bâtiments historiques en délabrement complet, habités par des familles modestes, des buildings qui cohabitent avec des logements aux allures de presque-bidonvilles. Le tout dans un festival de murs colorés, de stands de junkfood et de vendeurs à l’arrachée. Une belle claque culturelle ! Arrivés à Chapultepec, nous passons devant le musée d’art moderne pour ensuite filer vers le fameux château. Visite des jardins et du musée, vue de la ville en surplomb : c’est beau. Manque de courage pour traverser le reste du parc jusqu’au musée d’anthropologie (à faire au prochain séjour pour ne pas manquer l’un des plus beaux musées du monde, renfermant le fameux calendrier maya, QUAND MÊME JEAN-ROGER). Sur le chemin du retour, nos estomacs s’arrêtent dans un fast food vendant des « tartas ». Point de tartes ici, il s’agit en réalité de bons gros sandwich avec des sauces qui piquent ta langue façon épilation surprise. Nous découvrons également les sodas locaux, dont le « Boing » à la mangue, qui n’a rien à voir avec l’avion ni avec le bruit d’un ressort et qui est en fait un jus probablement très chimique mais très goûteux, à la mangue, donc. Nos pas nous mènent également devant une vitrine de pâtisserie géante du doux nom de la Esperanza. Nous nous sommes jetés à l’intérieur, curieux de voir si la brioche était plus savoureuse de ce côté-ci de l’Amérique, et la réponse est oui. Nous avons donc rempli un plateau de douceurs, nous attendant à un investissement de taille… que nenni. Pour 80 pesos, nous avions désormais de quoi nous sustenter les amygdales pendant 4 jours, avec un morfal dans l’équipe. MUCH WOW. Mention d’honneur spéciale pour la fameuse concha (ça veut dire coquillage, parce que c’est une brioche qui ressemble à un coquillage, CQFD), que je te conseille vivement. Après une bonne sieste bien méritée, nous ressortons pour… manger, encore (et ça ne fait que commencer, estie) : de l’autre côté de la rue, nous découvrons notre QG culinaire, la Chicha. Un bar/restaurant à l’ambiance sympathique et pleine de lanternes qui nous fait déguster de petits plats typiques. Cette première journée s’est achevée chez Mama Rumba, une boîte de nuit mexicaine où l’on danse salsa, rumba et autres bachata endiablées sur fond de musique live. Autant te dire que si, comme moi, tu as la coordination d’un hanneton ivre, tu risques de te sentir mal face à tant d’habileté et de maîtrise du rythme. On sent véritablement que la danse latine fait partie de la culture ambiante, et c’est beau, c’est vivant, c’est entraînant. Brrr. Du moment que vous trouvez quelqu’un pour vous mener, tout va bien. N’est-ce pas ?
  • Samedi : hé oui, on en est qu’au jour deux. Va faire une pause pipi, mange une pomme et reviens. Pour cette seconde journée, nous avons décidé d’y aller tranquille : petit déjeuner royal avec nos belles pâtisseries de la veille puis direction le centre historique ! Ce jour-là se déroulait sur la place du Zocalo une fête en l’honneur des populations indigènes (rappelle-toi que les cultures aztèques et mayas sont dans le coin hein !), incluant un énorme marché artisanal sur toute la place centrale. On a acheté une toupie en bois, ça compte ? C’est le seul endroit de la ville où nous avons réellement senti la pression de la population : dans tous les autres quartiers, nous nous demandions presque où était les gens ! Pour le déjeuner, le restaurant Azul Historico m’avait été chaudement recommandé, mais, victime de son succès, il était complet. Tu le reconnaîtras facilement sur les photos, il y a des guirlandes de couleurs sur des arbres qui vont jusqu’au plafond. Céboputin. A la place, nous sommes allés en face au Puntarena, spécialisé dans les poissons et fruits de mer. Un peu plus coûteux que la norme mexicaine mais très bon (dois-je vraiment le préciser ?). Après une belle visite du centre historique et plusieurs arrêts devant des danses costumées, nos pas nous mènent jusqu’au musée des Beaux-Arts : un immense et magnifique bâtiment à couper le souffle. Mes petites recherches préalables m’avaient indiquées que l’on pouvait grimper dans le bâtiment d’en face jusqu’au Coffee Factory du Sears pour admirer la vue en terrasse. Et effectivement, c’est à faire ! Sors ta perche à selfies, ton moment de gloire hipster se fera à cet endroit. La soirée continue jusqu’à la place Garibaldi, connue pour ses fameux mariachis (tu sais, ces groupes musicaux costumés qui jouent sur demande ?). Je n’ai pas spécialement été subjuguée par l’expérience, très très très attrape-touriste et manquant cruellement d’authenticité. Nous décidons d’aller dîner au Cafe de Tacuba, que je te recommande chaudement : en plus d’un décor terriblement beau, la nourriture était à tomber par terre. Nous y avons testé un plat typique qui m’avait été recommandé par B., le pozole rouge. Ce plat incroyable ne paie pas de mine : c’est une sorte de soupe à base de grains de maïs, de poulet, d’épices, de légumes et d’on-ne-sait-pas-quoi-mais-c’est-fucking-bon. Probablement notre meilleure découverte culinaire mexicaine !
  • Dimanche : courage, tu es à la moitié ! En cette belle journée du dimanche où le soleil était au rendez-vous, nous avons décidé de faire notre seule escapade en dehors de la ville vers Teotihuacan et ses pyramides aztèques. Rendez-vous à la station Autobuses del Norte, où nous partons pour 45 minutes de route entre les montagnes (Mexico est à plus de 2000m d’altitude, je te le rappelle, Jean-Louis). La sortie de la ville nous rappelle à quel point le pays est « émergent », mais pas encore « émergé » : les vrais bidonvilles se dessinent visiblement autour de la capitale. La journée se passe sous un soleil de plomb, entre les milliers de touristes venus, comme nous, crapahuter entre les temples du Soleil et de la Lune. Le toit du monde n’a qu’à bien se tenir, car nous y sommes, et c’est délicieusement grisant. La journée s’achève par un dîner à la Chicha, où j’essaie les emparedados au saumon, une belle réussite gourmande !
  • Lundi : pour cette dernière journée complète, nous décidons de visiter le quartier bucolique de Coyoacan, en commençant par la célèbre Fuente de los Coyotes (parce qu’avant y’avait des coyotes, de rien Watson). Une fois n’est pas coutume, nous nous mettons en quête de nourriture (ça faisait bien 1h qu’on avait pas mangé, que fait la police ?) dans le restaurant Corazon de Maguey où nous essayons le pozolo vert (moins bon que le rouge !) et les moles (quesadillas dans une sauce à base de piment et de chocolat, ça surprend). Nous visitons ensuite le quartier incroyablement pittoresque, enchaînant les ravissantes surprises aux coins de chaque rue. Nous visitons le grand marché de Coyoacan, et passons devant la demeure emblématique de Frida Kahlo, fermée le lundi (comme à peu près tout à Mexico !). Rues colorées, plantes à tout va, âme de village : sans doute mon quartier préféré avec Roma Norte. Avant de retourner à la maison, nous passons par la pizzeria Septimo pour y mener une étude scientifique : la pizza mexicaine est-elle aussi bonne que la pizza italienne ? La réponse est oui. Nous finissons la soirée par une quête de l’impossible dans Roma Norte : trouver un endroit ouvert avec de la musique live. Sachez que tous les lieux vivants sont fermés le lundi. Damn. Tant pis !
  • Mardi : dernier petit déjeuner avant l’épopée du retour vers le Canada. Nous décidons de bruncher dans Roma Norte à los Frutos Prohibidos, un café/restaurant qui nous faisait de l’œil depuis un moment. Dernier décor dépaysant, dernier smoothie plein de vitamines, dernier repas copieux à moindres frais, dernières plantes envahissant l’espace. On respire fort l’air pollué y adiós México !

 


KESKON EN PENSE ?

A faire, à refaire. Quatre jours semble être un bon minimum pour s’imprégner véritablement de ce qui fait l’âme de Mexico et en effleurer la surface dans les quartiers principaux. C’est une culture chaleureuse, diablement vivante et pleine de contrastes, tant en matière sociale qu’historique ou artistique. C’est dépaysant, déroutant, bousculant, tout en proposant un challenge très équilibré pour les européens. J’ai eu l’impression d’avoir un grand choix dans la façon d’occuper ces 4 jours, tant il y a à faire, à voir, à goûter. Mes années d’espagnol ont resurgi à la surface comme une petite bulle qui n’attendait que ça : comme un vieux vélo rouillé toujours fidèle, qui se rappelle progressivement des sentiers à prendre. Cette langue me manque. Ses chants, son rythme, sa chaleur. Oui, il y a de la pauvreté, de la corruption, des policiers louches, des vols, des quartiers malfamés. Mais il y a aussi les tisseuses de la rue Orizaba qui s’affairent tous les matins de leurs petites mains habiles, les plantes et arbres tropicaux qui envahissent chaque coin de rue, de table, de terrasse jusqu’à donner une impression de jungle urbaine, les bouquinistes qui vendent du Juan Jacobo Rousseau au calme, les vendeuses rondelettes de maïs à la crème qui donnent à la rue une odeur si appétissante. Et comme disait le street art sur la devanture de notre AirBnB : la vida está completa solo cuando se comparte.

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Avatar de wrenic wrenic dit :

    Ca donne envie d’y retourner et d’y passer plusieurs jours

    J’aime

Laisser un commentaire